Beaucoup de défenseurs du nucléaire s’indignent de l’amende de 500 M€ infligée à la France pour son retard sur les énergies renouvelables. Cette amende est pourtant bien méritée, voici pourquoi lemonde.fr/planete/articl…

Tout d’abord précisons une chose : nous parlons bien ici d'un retard sur les énergies renouvelables au sens large du terme, et donc également des EnR thermiques. Il ne s’agit d’un débat sur le seul mix électrique. twitter.com/ThPellerin/sta…

L’argument qui revient souvent est la confusion entre les objectifs et les moyens. Dit autrement, ce qui devrait compter, c’est les émissions de CO2 à l’instant t (vision statique), et non les actions mises en œuvre (vision dynamique).

Si les émissions de CO2 étaient utilisées comme principal indicateur, les pays ayant commencé à décarboner tardivement seraient lourdement sanctionnés, cela même si les actions actuellement mises en œuvre les orientent vers une bonne trajectoire.

Inversement, ceux ayant commencé à décarboner plus tôt, jouiraient d’un capital les protégeant de ces amendes, même si les actions actuellement en œuvre les placent sur une mauvaise trajectoire. On voit bien les limites incitatives d’un tel critère.

Raisonner sur les moyens et non sur l’intensité CO2 du mix à l’instant t permet de mieux apprécier la dynamique en cours. Ainsi, si la France jouit d’un très bon capital, en partie du fait du nucléaire, celui-ci se dégrade d’année en année.

En 2022, le facteur de charge du parc nucléaire atteint une niveau historiquement bas, et la France est importatrice nette d’électricité sur l’année en pleine crise énergétique. L’EPR de Flamanville, projet lancé en 2005, n’est toujours pas en service 17 ans plus tard.

Côté EnR électriques, nous sommes légèrement en retard sur les objectifs, mais ceux-ci ont été fixés trop bas notamment au vu de la perte de plus de 100 TWh de production nucléaire qui n’avait pas été prévue au moment de la dernière PPE. twitter.com/AnneBringault/…

Côté nouveau nucléaire, celui-ci n’arrivera pas avant 2037. Côté EnR thermiques, nous avons également largement raté nos objectifs. twitter.com/A_MonteilGutel…

Si nous avions atteints nos objectifs EnR électriques, nos centrales à gaz et à charbon tourneraient moins, nous importerions également moins d’électricité au charbon.

Si nous avions atteints nos objectifs EnR thermiques, nous consommerions moins de gaz fossile et de fioul pour nous chauffer.

Ces deux échecs ont conduit la France a émettre davantage de CO2 que dans un scénario où nous atteignons nos objectifs. C’est un fait, et c’est pour cela qu’il y a sanction.

Alors oui, la France émet aujourd’hui beaucoup moins de CO2 que la plupart de ses voisins, et c’est une excellente chose. Mais nous ne pourrons pas éternellement nous reposer sur notre seul parc nucléaire historique.

Le nouveau nucléaire ne suffira pas, et la nécessaire baisse des consommations d'énergie par l'efficacité et la sobriété ne sera pas non plus suffisante pour sortir de l'ère des fossiles.

Quels que soient les scénarios, en France, tout retard dans le déploiement des EnR est préjudiciable, car synonyme d'une plus grande dépendance aux énergies fossiles, et à de plus fortes émissions de CO2.