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Vanessa Codaccioni

Vanessa Codaccioni
@VCodaccioni

Apr 21
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Quelques remarques sur l'apologie du terrorisme, dont on voit bien qu'il permet, par assimilation de l'activité politique à un soutien au terrorisme, de criminaliser la solidarité envers le peuple palestinien ⬇️⬇️

1- L’apologie de crime est inventée à la fin du XIXes pour réprimer les « menées anarchistes ». Ce délit fait ainsi partie d’un ensemble de mesures prises pour « purger à jamais de la bande anarchiste le territoire de la république française » (Président du conseil Dupuy, 1894)
2- Le délit "d'apologie" sert donc au départ à réprimer davantage des ennemis intérieurs, les anarchistes à l'époque, mais aussi plus généralement, tout discours de gauche "gênant" le pouvoir
3-L’apologie de crime est utilisée à certains moments de l’histoire pour criminaliser l’action contestataire : pendant la guerre froide par ex, des militants communistes ont été inculpés « d’apologie du pillage », de l’incendie, de meurtre, ou d’actes de désobéissance militaire
4-L’apologie de crime est aussi utilisée dans les années 1970 contre des militants maoïstes de la Gauche prolétarienne (souvent couplée avec la « provocation au crime »), et il y a eu aussi quelques tentatives ratées d’inculper des militants indépendantistes, des bretons par ex
5-Mais le délit d’apologie du terrorisme n’est créé qu’en 2006 (le mot « terrorisme » ne rentre dans le code pénal qu’en 1986) avant d’être sur-utilisé à partir des attentats de Charlie Hebdo.
6- Les inculpations pour apologie du terrorisme ont souvent pour origine des signalements internet : par exemple 35000 signalements avaient été faits sur Pharos après les attentats.
7- Ce délit donne lieu à des choses un peu délirantes, comme ce jeune de 18 ans condamné à 3 mois de prison avec sursis pour avoir nommé sa wifi DAESH (ce n'est pas malin on est d'accord mais enfin...)
8- Et après chaque attentat en France, on voit se multiplier les inculpations de ce type. Mais il me semble que ce qu’il y a de nouveau de manière aussi massive c’est que cela n’a pas de lien avec des évènements et des actes terroristes s’étant déroulés sur le territoire français
9- Et surtout que les cibles de l’apologie de terrorisme ne sont pas les mêmes que d’habitude : syndicalistes, intellectuels, militants « en vue », personnalités politiques, étudiants (de l’EHESS ces derniers jours), loin des jeunes racisés (et musulmans) de d’habitude.
10- Qu’est-ce que cela dit ? Deux choses que l’on sait déjà : l’usage de dispositifs antiterroristes contre l’activité militante, syndicale et politique ; et la centralité des signalements (aussi de la délation on peut le dire) dans la répression aujourd’hui.
11- Ce qui est inquiétant c’est que l’apologie du terro ce n’est plus seulement le soutien (les "bravo") à des actes terroristes, qui ont bien existé après le 7 octobre, mais l’expression d’une solidarité envers un peuple et la critique envers une politique, un État, ici Israël
Vanessa Codaccioni

Vanessa Codaccioni

@VCodaccioni
Prof de science politique Procès, répression, justice pénale @univparis8
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